Intéressant
ce dernier voyage d’Angela Merkel en Chine la semaine dernière. Son 2ème cette
année, avec un rythme de visite intensifié à la demande des Chinois. Une visite
entourée de 9 ministres allemands. La Chine et l’Allemagne ont des liens
extrêmement étroits. Tant mieux.
Mais l’Allemagne
est ici non seulement la puissance privilégiée par la Chine en raison de ses succès
économiques et financiers, en raison de l’évidente importance des liens
commerciaux entre les deux pays, de l’intérêt technologique que l'Allemagne représente pour la Chine. L’Allemagne est
aussi la seule puissance européenne qui compte dans cet espace européen fait de
puissances de second ordre et en la totale absence d’Europe. La Chine géré donc
à sa manière, très prosaïquement, la non-Europe.
Constat
très intéressant car rappelez-vous un des buts de l’Europe était justement de
donner une voix commune à l’extérieur à tous les États européens, sans laisser
la prédominance aux plus forts. Complètement raté. Mais bon, il n’y a pas photo.
Vous pouvez bien vous rappeler les tremolos que l’on vous a sorti pour vous
vendre la création du poste de Président du Conseil Européen sensé donner une
voix forte et commune à l’Europe. Mais où
est donc-t-elle passée? On a beau avoir inflation de Présidents en Europe, du
Conseil, de la Commission, de l’Eurogroupe, du Parlement, il n’y en a pas un
seul pour donner une voix à l’Europe.
Vous vous souvenez peut-être que l’on avait aussi créé fort bruyamment
un service d’action extérieur. Je ne vous ferais pas l’affront de vous demander
qui en est la responsable? Vraiment vous ne voyez pas? Disparue. Totalement inexistante…
Alors en l’absence
d’Europe, l’Allemagne plus que jamais émerge. On parlait il y a 20-30 ans de
cela du géant économique et du nain politique, aujourd’hui l’Allemagne est un
géant tant économique que politique. Soyons fair Angela Merkel défend
résolument les intérêts de l’Europe lorsqu’elle se déplace en Chine, à la place
de l’Europe. Mais notons aussi ce petit couac avec la Commission, là où Merkel
veut passer l’éponge sur une procédure anti-dumping lancée par la Commission
dans un dossier solaire, la Commission maintient ses positions contre la Chine.
Pas très facile… Et certainement pas un chemin à suivre.
Il n’y a
que deux personnages qui comptent en Europe, le Président de la Banque Centrale Européenne
et la chancelière allemande. Les autres regardent, et un seul commente
intelligemment, Monti. Triste constat. À mille lieux de ce que l’Europe devait
être, et pas très démocratique.
Alors
heureusement quelqu’un s’en préoccupe. Et heureusement c’est aussi quelqu’un qui
compte en Europe. Et oui très
bizarrement la seule femme qui compte en Europe, la même Angela Merckel, est aussi
la seule à s’inquiéter de cette situation qu’elle sait intenable. Elle veut sortir de ce cynisme des faits, de
ce pur rapport des forces souligné par le regard des partenaires extérieurs. Et
tellement opposé aux aspirations de la construction européenne, tellement en
opposition avec nos valeurs démocratiques. Et elle insiste, il faut une Europe
politique, il faut que cette Europe politique ait une véritable légitimité démocratique.
Elle consulte ses partenaires, veut leurs accords, veut un nouveau traité.
Ceux-ci au mieux baillent, au pire refusent catégoriquement de toucher un sujet
si audacieux qui serait tellement difficile à faire comprendre à des opinions
publiques qui n’aspirent qu’à deux choses,
du Pain et du Cirque!...
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