mardi 4 septembre 2012

De l’Allemagne, de la non-Europe et de la Chine.


Intéressant ce dernier voyage d’Angela Merkel en Chine la semaine dernière. Son 2ème cette année, avec un rythme de visite intensifié à la demande des Chinois. Une visite entourée de 9 ministres allemands. La Chine et l’Allemagne ont des liens extrêmement étroits. Tant mieux.

Mais l’Allemagne est ici non seulement la puissance privilégiée par la Chine en raison de ses succès économiques et financiers, en raison de l’évidente importance des liens commerciaux entre les deux pays, de l’intérêt technologique que l'Allemagne représente pour la Chine. L’Allemagne est aussi la seule puissance européenne qui compte dans cet espace européen fait de puissances de second ordre et en la totale absence d’Europe. La Chine géré donc à sa manière, très prosaïquement, la non-Europe.

Constat très intéressant car rappelez-vous un des buts de l’Europe était justement de donner une voix commune à l’extérieur à tous les États européens, sans laisser la prédominance aux plus forts. Complètement raté. Mais bon, il n’y a pas photo. Vous pouvez bien vous rappeler les tremolos que l’on vous a sorti pour vous vendre la création du poste de Président du Conseil Européen sensé donner une voix forte et commune à l’Europe.  Mais où est donc-t-elle passée? On a beau avoir inflation de Présidents en Europe, du Conseil, de la Commission, de l’Eurogroupe, du Parlement, il n’y en a pas un seul pour donner une voix à l’Europe.  Vous vous souvenez peut-être que l’on avait aussi créé fort bruyamment un service d’action extérieur. Je ne vous ferais pas l’affront de vous demander qui en est la responsable? Vraiment vous ne voyez pas? Disparue. Totalement inexistante…

Alors en l’absence d’Europe, l’Allemagne plus que jamais émerge. On parlait il y a 20-30 ans de cela du géant économique et du nain politique, aujourd’hui l’Allemagne est un géant tant économique que politique. Soyons fair Angela Merkel défend résolument les intérêts de l’Europe lorsqu’elle se déplace en Chine, à la place de l’Europe. Mais notons aussi ce petit couac avec la Commission, là où Merkel veut passer l’éponge sur une procédure anti-dumping lancée par la Commission dans un dossier solaire, la Commission maintient ses positions contre la Chine. Pas très facile… Et certainement pas un chemin à suivre.

Il n’y a que deux personnages qui comptent en Europe, le Président de la Banque Centrale Européenne et la chancelière allemande. Les autres regardent, et un seul commente intelligemment, Monti. Triste constat. À mille lieux de ce que l’Europe devait être, et pas très démocratique.

Alors heureusement quelqu’un s’en préoccupe. Et heureusement c’est aussi quelqu’un qui compte en Europe.  Et oui très bizarrement la seule femme qui compte en Europe, la même Angela Merckel, est aussi la seule à s’inquiéter de cette situation qu’elle sait intenable.  Elle veut sortir de ce cynisme des faits, de ce pur rapport des forces souligné par le regard des partenaires extérieurs. Et tellement opposé aux aspirations de la construction européenne, tellement en opposition avec nos valeurs démocratiques. Et elle insiste, il faut une Europe politique, il faut que cette Europe politique ait une véritable légitimité démocratique. Elle consulte ses partenaires, veut leurs accords, veut un nouveau traité. Ceux-ci au mieux baillent, au pire refusent catégoriquement de toucher un sujet si audacieux qui serait tellement difficile à faire comprendre à des opinions publiques qui n’aspirent qu’à deux choses,  du Pain et du Cirque!...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire