L'Europe ne peut pas se permettre de manquer le
rendez-vous de l'Union Bancaire. Pour l'instant nous ne sommes encore que dans
la phase du débat, entamée au début de l'été.
Dès son apparition cette idée a été immédiatement saluée comme étant un élément clé pour la sortie de
la crise en Europe. Cependant le débat
est loin d'être clos, donc on est loin de savoir ce que sera cette Union
Bancaire, si elle existe un jour. Et la Déclaration de la Zone Euro du 29 juin
ne l'évoque même pas.
Le débat fait rage entre la conception du Ministre des
Finances allemand qui prône une Union Bancaire réduite à un petit nombre de banques
systémiques et la conception de la Commission qui veut que cette Union Bancaire
couvre l'ensemble des 6'000 banques européennes. Sans l'ombre d'une hésitation
j'adhère, sur ce point précis, à l'approche défendue par la Commission.
Il ne peut y avoir d'exception, l'autorité de cette
Union Bancaire doit être complète et indiscutée. Toute l'histoire, triste, de
cette crise est le résultat de demi-mesures, toujours bruyamment proclamées jamais
sérieusement ni appliquées ni contrôlées. Depuis Maastricht. Cela suffit. Il
faut définitivement mettre un terme à l'inconséquence en Europe.
Rappelons aussi qu'il 'y pas si longtemps que cela, en
novembre 2010, les Européens avaient déjà créé 3 agences de régulation financière
et un conseil de surveillance systémique sensés répondre à la question. Le
résultat est tellement timide qu'aujourd'hui on n'envisage même pas de
renforcer ce premier pas vers une Union Bancaire, mais de créer quelque chose
de nouveau. L'Autorité Bancaire Européenne avait été créée suite au rapport de
La Rosière qui lui même était un compromis politiquement correct sur ce qu'il
convenait de faire 12 ans après l'introduction d'une monnaie commune. J'avais
abondamment critiqué ce retard et cette dangereuse timidité dans mon blog
précédent (www.europelibre.typepad.com).
On rappellera aussi que l'essentiel de la crise
actuelle vient d'une crise bancaire générée par une absence de contrôle adéquat,
pendant une période de 10 ans durant laquelle le crédit bancaire, grâce à
l'Euro, a été abondant et pas cher. Or l'Europe, lourde responsabilité tenue
sous silence, n'avait rien mis en place pour contrôler les conséquences
pourtant très visibles de l'introduction de l'Euro sur le système bancaire
européen.
Rappelons aussi que l'Allemagne, qui prétend
aujourd'hui faire exclure ses banques régionales du contrôle européen, est le
pays européen qui a connu le premier une crise bancaire sans précédent, avant même que l'Irlande ne rentre dans la crise, et une crise qui a
coûté la bagatelle de 40 milliards d'Euro au contribuable allemand. Et c'est
bien le coût de cette crise bancaire allemande qui a rendu l'Allemagne si
hostile aux banques dans la gestion de la crise grecque, et lui a fait prendre
la position désastreuse d'exiger dans la restructuration de la dette grecque
des pertes colossales pour les investisseurs privés. Erreur dramatique qui
aurait pu être éventuellement évité si l'Allemagne n'était pas sortie elle-même
de très couteuses restructurations bancaires. Donc non M. Schäuble le désastre
des Landesbanken ne justifie en rien de les exclure de l'Union Bancaire.
Ce projet d'Union Bancaire est ainsi la 2ème tentative
de traiter le sujet, espérons que ce soit la bonne, et faisons en sorte que ce
soit la bonne. Ne retombons pas dans cette Europe qui n'a cessé de faire
semblant. Cette Union Bancaire pour être efficace, doit être complète, et
dirigée par une institution pleinement responsable, et avoir l'autorité nécessaire
pour assumer une responsabilité qu'il faudra aussi contrôler.
Une fois n'est pas de coutume, et donc saluons ici le
rôle très positif pris par la Commission dans ce débat. Avec un bémol majeur,
l'Union bancaire pour être efficace doit se limiter aux seuls pays membres de
l'Eurozone, peut inclure d'autres pays candidats mais ne doit pas perdre du
temps et des plumes dans la recherche d'un compromis boiteux sur l'ensemble de
l'Union Européenne.
Au travail!
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